Je pense que la majorité des femmes qui pratique l’équitation on déjà entendu ces expressions.
Mais par habitude, on ne distingue presque plus le mépris qui se cache derrière …
La lutte féministe est probablement le combat qui me tient le plus à coeur. Encore plus depuis que j’ai donné naissance à une fille !
Et surement plus que le respect du bien être animal, parce que je pense qu’il en découlera …
Mais alors Jamy, quel est le rapport entre le féminisme et ce que je veux apporter par l’équitation ?
“Je n’ai jamais réussi à définir le féminisme. Tout ce que je sais, c’est que les gens me traitent de féministe chaque fois que mon comportement ne permet plus de me confondre avec un paillasson.” Rebecca West
Comment je suis tombé dans la marmite ?

Petite fille bien sage qui rentre bien dans le moule, je n’avais aucune notion des problématiques d’égalité femme/homme avant de découvrir le joyeux monde de l’élevage équin !
Bien sûr, il y avait ce truc de toujours devoir démontrer que malgré mon “sexe faible”, j’étais capable de tenir une débroussailleuse ou un marteau. Mais c’est surtout dans le rapport des hommes qui m’entouraient (éleveurs, propriétaires, vétérinaire, …) à la sexualité et à la maternité, que j’ai compris qu’on avait un énorme problème !
J’ai vu et entendu des choses à vomir ; j’ai lu dans les yeux des juments la détresse et l’incompréhension ; j’ai vu le viol des juments entravées qui n’étaient “pas prête” ; j’ai vu les encouragements et les félicitations à l’étalon qui “faisait le plus dur du travail” ; j’ai vu les juments dépossédées de leur corps (et de leurs consentements) de l’ovulation jusqu’à la naissance, les premiers pas et premières tétées du poulain …
Et j’ai vu les parallèles, les liens de ces hommes avec les femmes, les mots, les préjugés, la norme anormale !
Mais pendant cette période de ma vie, j’ai aussi rencontrée deux juments, deux forces de la nature, deux caractère pur, dur, déterminé : deux juments libres et indépendantes, des modèles pour la femme que j’aimerai être !
La belle Quelle Santenoise, venue en pension juste quelques semaines, le temps de “remplir”. Ce serait trop long de raconter ici tout ce qu’elle m’a donné à vivre, mais ce que je garde d’elle aujourd’hui, c’est la marche qu’elle m’a fait franchir d’un bond, qui m’a fait passé de petite fille à femme !
Et Velga, que j’emmenai dans mes bagages en quittant cet élevage !
Depuis cette expérience (il y a bientôt 10 ans), je travaille au quotidien, accompagnée par la force de ses juments, à déconstruire les préjugés, les habitudes, les normes sociales, …
Les femmes qui ne se respectent pas
Aujourd’hui, je pense que le combat féministe est prioritaire sur le combat du respect animal, parce que je pense qu’il est impossible de respecter les autres êtres vivants si l’on ne se respecte pas soi même, et si l’on ne respecte pas nos homologues de sexes différents (c’est vrai aussi pour la lutte antiraciste ! #CoucouBrigitteBardot, mais je ne veux pas m’approprier un combat qui n’est pas le mien)
Et la majorité des cavaliers avec lesquels je travaille sont des femmes qui ne se respectent pas !
Rien à voir avec leur sexualité ! (Tu fais bien ce que tu veux !) Ces femmes ne se respectent parce qu’elles :
– Se sacrifient pour les autres, ici leurs chevaux : c’est important de vouloir le meilleur pour eux, mais pas si ça te coûte ta santé physique ou mental !
– S’oublient complètement : est-ce que tu te souviens pourquoi tu as choisis de faire de l’équitation ? D’avoir un cheval ? Est-ce que tu le vis toujours aujourd’hui ?
– Ne savent pas poser leurs limites : combien “maîtrisent parfaitement les pieds” de leur cheval dans le travail, mais se “font marcher dessus” dès qu’elles sortent du cadre d’un exercice …
– S’auto-sabotent constamment : commencer toutes ses phrases par “Désolé” ou “Si seulement” est un bon signe d’auto-sabotage …
– Ont enterré sous 56 tapis leur folie, leur créativité et leur goût du risque et de l’aventure !
– Pensent que si elles deviennent le contraire de tout ce que je viens de décrire, elles vont être égoïstes et égocentriques ! Qu’elles risquent de ne plus être la femme parfaite, la mère parfaite, la cavalière parfaite …

Ce manque de respect pour elles-mêmes s’expliquent, à mon avis, en grande partie par l’éducation que l’on donne aux petites filles (princesses fragiles et sensibles) et le moule dans lesquels on veut faire rentrer les femmes.
Et c’est parce que c’est super difficile (impossible ?) de passer à côté de ça, qu’il faut que l’on travaille à détruire ce moule et à déconstruire cette éducation !
Le rapport avec les chevaux et l’équitation ?
Est-ce qu’il est possible pour un couple de danseurs d’être harmonieux et élégants, si l’un des deux ne se respectent pas ?
Je ne pense pas … mais je pense que danser avec ton cheval peut t’aider à avancer autrement !
Et puis, les chevaux ont l’immense sagesse de nous offrir un miroir juste et pertinent de ce que nous avons besoin de voir (à condition d’accepter de l’entendre …) : c’est pour cela qu’ils sont d’excellents coachs.
Alors avec leur aide, je veux poursuivre ce travail, encore plus loin, encore plus fort, et surtout encore plus affirmé !
Et toi ? C’est quoi ton combat ? Comment tu aimerais changer le monde ?
Sarah