Depuis le décès de Pierre Rabhi, la légende du colibri refleurit un peu partout sur les réseaux (comme un hommage élogieux ou au contraire pour le dénigrer)
Si je ne prendrai ici aucune position sur l’homme, je voudrai seulement te donner ma lecture de cette fable et pourquoi je pense qu’elle s’est transformé en épine dans le pied de l’écologie …
La légende
La légende, autour de laquelle le Mouvement des Colibris s’est construit, serait au départ amérindienne.
Voici la façon dont Pierre Rabhi la racontait :
Un jour, dit la légende, il y eut un immense incendie de forêt.
Tous les animaux terrifiés, atterrés, observaient impuissants le désastre.
Seul le petit colibri s’activait, allant chercher quelques gouttes avec son bec pour les jeter sur le feu.
Après un moment, le tatou, agacé par cette agitation dérisoire, lui dit : “Colibri ! Tu n’es pas fou ? Ce n’est pas avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ! “Et le colibri lui répondit : “Je le sais, mais je fais ma part.“

Cette histoire a donné du baume au cœur à beaucoup, moi la première, et a nourrit l’espoir de pouvoir faire basculer le dérèglement climatique par quelques petits efforts dans nos vies : quelques gouttes prises dans le bec du colibri …
Alors beaucoup ce sont revendiqués “colibris”, en triant leurs déchets, en mangeant un peu moins de viande ou plus locale, en évitant d’acheter chez Amazon …
Une bonne chose pour l’écologie ? Pas tout à fait.
Quand les éléphants se prennent pour des colibris …
Le problème, selon moi, c’est que ceux que l’on a bien voulu retenir de la légende, c’est que quelques gouttes suffisent …
Mais quelques gouttes, c’est un gros effort pour un colibri. Mais rien du tout pour un éléphant !
Pour que cette légende change la face du monde, il faudrait que tout les colibris fassent leur part. Mais surtout que les éléphants fassent leur part d’éléphant !
Si on sort de la métaphore : la part d’effort écologique n’est pas la même pour un paysan africain, pour un citadin européen ou pour une entreprise comme Google !
Afin de connaitre notre propre part, nous pouvons par exemple, faire ce test pour calculer notre empreinte carbone. (Il est rapide donc forcément imprécis, mais ça donne déjà une petite idée …)
La moyenne nationale est de 9.8 Tonnes par an. La recommandation du GIEC pour passer sous les 2 degrés est de 1.6 à 2.8 tonnes par an pour chaque habitant de la Terre … Une différence bien loin des petites gouttes du colibri …
Pourquoi ça arrange les éléphants de se prendre pour des colibris ?
Le coût caché de l’effort

Ce que la légende ne détaille pas, c’est ce qu’il en coûte au colibri de faire sa part !
S’épuiser à faire des aller retour entre le feu et la rivière, porter l’eau (quelques gouttes représentent vite un poids important pour un si petit oiseau), prendre le risque d’aller la jeter sur le feu …
Tout cela demande énormément de courage !
Si les éléphants déployaient la même énergie et le même courage, peut-être que l’incendie ne serait pas éteint, mais il freinerait sacrément !
Alors c’était assez facile pour beaucoup de se dire “colibri” … mais quand il est question de déployer l’énergie et le courage nécessaire pour faire vraiment sa part, c’est autrement plus compliqué !
Trier ses déchets, manger moins de viande, prendre une douche plus courte, ou effacer ses mails inutiles, c’est plutôt facile et peu coûteux…
Comme le green washing des grandes entreprises …
Des entreprises pétrolières comme Total, ont dépensé plus de 250 millions d’euros pour faire pression sur les différentes institutions européennes !
Quel est le coût de leur part d’éléphant, s’ils sont prêts à dépenser autant pour l’éviter ?!
A notre hauteur, à notre échelle individuelle, quitter son bulshit job pour créer son activité respectueuse de l’environnement, devenir militant activiste, ou tout quitter pour vivre dans un écolieu autonome, ça demande beaucoup de courage ! Enormément de courage !
Trouver le courage de Faire sa part d’éléphant …
Ce qui est important pour trouver le courage, c’est d’assumer sa vulnérabilité !
(On en reparlera bientôt, abonne-toi pour ne rien rater)
Assumer sa vulnérablitité quand on parle de changer le monde, c’est :
- Accepter de voir les conséquences de l’activité humaine sur la planète, la réalité des injustices sociales, etc.
- Accepter de regarder nos propres limites personnelles : voir ce qui se joue en nous quand on souhaite dire non, quand on souhaite s’affirmer, quand on souhaite prendre sa place, etc.
Pour accepter les conséquences de nos choix et modes de vie sur le monde, il faut se renseigner, se documenter, diversifier ses sources, échanger avec des scientifiques et des observateurs …
(Déjà pleins d’infos dans les liens nombreux de cet article … J’essaierai aussi de publier des infos sur instagram dans les prochaines semaines : sur les gens à suivre, les associations que l’on peut rejoindre, etc. Rejoins moi là-bas !)
Pour accepter de regarder nos propres limites, il faut prendre le temps de s’écouter et parfois se faire accompagner. Pour en savoir plus, reste attentif à la sortie des prochains articles …
Et si tu ne souhaite pas attendre, contacte moi !
En attendant les prochains articles, dis moi en commentaire : Quelles sont tes parts d’éléphant et de colibri ? Ce que tu fais actuellement ou que tu aimerais réussir à mettre en place ?
(je te partage les miennes aussi en commentaire)
Et tu peux partager cet article à un ami qui aurait besoin d’oser embrasser sa part d’éléphant.
Sarah
PS : je sais qu’il n’y a pas d’éléphant en Amazonie… mais c’est le meilleur exemple que j’ai trouvé en terme de capacité à éteindre un incendie …
Ma part de colibri, c’est de cuisiner davantage de légumes que je ne connais pas ou peu (risotto de chou chinois la semaine dernière) et/ou des plantes sauvages (lasagnes d’orties cette semaine – un délice !)
Ma part d’éléphant, c’est que mon activité professionnelle, mon quotidien, serve davantage le monde que je voudrais voir demain pour ma fille : cet article est un pas de plus en ce sens 🙂