Le froid s’immisce doucement dans les prairies, et commence à fleurir sur le dos des chevaux des couvertures de toutes les couleurs et de toutes les épaisseurs.
Sauf exception exceptionnelle, je pense qu’il est préférable de ne pas couvrir les chevaux, et je vous explique pourquoi en 7 points !
1. Les couvertures fragilisent les chevaux en les rendant dépendant.
Le système de poils élaboré par les années d’évolution des mammifères est extrémenent efficace.
D’abord, ils adaptent l’épaisseur de leurs poils au changement de saison.
Ensuite, quand ils portent leurs poils d’hiver bien épais, ils peuvent le coller à la peau quand il fait chaud.
Et dans le cas contraire, quand il fait froid, les poils se redressent, “emprisonnant” de l’air, qui offrira donc une couche isolante au corps. Cette adaptation prend quelques millièmes de seconde.
Mais ce mécanisme est impossible quand le cheval porte une couverture !
Même légère, une couverture empêche les poils de se redresser, et de “capturer” une couche d’air.
(C’est évidemment pire encore quand le cheval est tondu …)
Le cheval devient donc dépendant de l’humain et des couvertures pour se protéger du froid …
2. Difficulté à adapter les couvertures à la température extérieure.

Si le cheval dépend de son cavalier pour se protéger du froid, il faut donc que le cavalier adapte la couverture à chaque changement de température.
Seulement, entre une belle après-midi au soleil, une nuit venteuse et une journée de pluie, les températures varient beaucoup d’une heure à l’autre l’hiver !
Quel cavalier peut changer la couverture de son cheval plusieurs fois par jour ?
3. Difficulté à adapter la couverture à la température interne.
Le cheval peut redresser ses poils pour s’adapter à la température extérieure … mais aussi à sa température interne !
Nous sommes tous déjà parti nous promener dans une belle après midi d’hiver. Et après quelques minutes de marche, nous nous sommes dépêcher d’enlever notre chaud manteau. Seulement, une fois, dans la forêt à l’ombre des arbres, nous l’avons vite remis parce que nous avions trop froid !
Le cheval dans son champ, va se reposer couché au soleil, puis se déplacer en mangeant, puis peut-être faire quelques aller-retour pleins galop dans le champ, avant de se reposer à nouveau juste avant que tombe la nuit.
Sa température interne va beaucoup varier au cours de cette journée !
Quel cavalier peut changer la couverture de son cheval tout les quarts d’heure pour qu’elle soit aussi adaptée que ses poils?
4. Qui sort l’hiver juste avec une veste sans manche et ouverte ?
Clairement, la forme de la couverture me pose problème !
Le dos est protégé, le ventre à peine, l’encolure parfois, mais les membres et la tête pas du tout !
Pourtant, en cas de froid intense, ce sont les parties les plus éloignées du cœur qui seront les plus froides, parce que les plus difficile à protéger pour le corps !
Les oreilles par exemple, sont très fine, très peu poilues et très éloignées du cœur : ce sont les premières à souffrir d’hypothermie !
Pourtant, on ne voit jamais de chevaux avec des bonnets en hiver …
5. L’imperméable qui ne sèche pas …
Certains choisissent de couvrir juste pour la pluie, avec une petite couverture imperméable.
En effet, la météo qui est la moins confortable pour les chevaux, c’est la pluie, surtout si elle est couplée au vent !
Cependant, même en cas de grosses pluies, le poil du cheval est adapté pour :
1. que le sous-poil reste sec
2. que l’eau soit évacuée toujours de la même façon, en glissant sur les poils comme une gouttière.
3. sécher rapidement dès que la pluie s’arrête, par évaporation grâce à la chaleur du corps
La couverture imperméable, en cas de fortes pluies, finira par être mouillée à l’intérieur, soit par l’eau qui glisse de l’encolure, soit parce qu’avec le temps, elle perd en imperméabilité …
Une fois le soleil revenu, il lui faudra beaucoup de temps pour sécher, et sera inconfortable au cheval … Il faudrait donc dans l’idéal, changer la couverture entre chaque averse … Quel cavalier peut le faire tout l’hiver ?
6. L’hygiène catastrophique !
L’hiver, nous humain, nous portons un manteau, au-dessus d’un pull, au-dessus d’un tee-shirt.
Probablement que vous lavez votre manteau une ou deux fois par an.
Peut-être que vous lavez votre pull une fois par semaine.
Et peut-être que vous lavez votre tee-shirt, directement en contact avec votre peau, tout les jours.
Imaginez, porter le même manteau, le même pull, le même tee-shirt pendant 3 mois, sans JAMAIS les laver !
Dans lesquels vous allez transpirer, vous rouler dans la boue, prendre la pluie, etc.
Sympa l’odeur à la fin de l’hiver …
Et pourtant, les chevaux vont porter la même couverture au contact direct de leur peau, pendant plusieurs jours, plusieurs semaines et le plus souvent plusieurs mois !
Il ne sont pas si fragiles que ça, nos braves chevaux, pour supporter des conditions d’hygiènes si effrayantes !
7. Grooming compliqué et confort discutable
Quand Foudre est arrivé à la maison, elle avait une petite couverture imperméable : après quelques minutes dans le champ, elle trouve une zone de boue parfaite pour se rouler … En quelques secondes, à la voir s’empêtrer dans les élastiques qui ne suivaient pas parfaitement et confortablement ses mouvements, ma décision était prise !
J’ai aussitôt enlever la couverture, et elle est retournée aussi vite se rouler dans la même flaque de boue !
Je passe quotidiennement devant un champ avec des chevaux couverts, et ce matin, une des juments surement en se roulant, avait arraché ses attaches et se promener avec la couverture a moitié glissé, la croupe nue (tondue) et les postérieurs marchant dessus.
Quid du confort de son garrot et de son poitrail après plusieurs minutes ou heures dans cette posture ?
Ce sont des petites anecdotes, mais quotidiennes pour les chevaux couverts … Et il est bien difficile pour un cavalier de passer tout les quart d’heure devant son cheval pour vérifier que tout est en ordre : pourtant, il faut moins de temps que cela pour que le cheval casse et s’emmêle dans ses sangles …
Dans ce point, je pourrai aussi aborder la question de la bonne taille et de la bonne coupe de couverture.
Tout les chevaux qui ressortent de l’hiver avec les épaules sans poil ont peu probablement appréciés les tensions continues sur ces dernières (et je ne parle pas du magnifique “protège épaule”, qui crée des tensions dans le garrot …)
Alors comment protéger son cheval de l’hiver ?
L’hiver et le froid sont une source d’angoisse pour beaucoup de cavaliers. Couvrir leur chevaux les rassurent souvent.
Alors quelles autres options pour que l’hiver reste confortable si les couvertures ne sont pas une solution ?

La première chose dont il faut se souvenir, c’est que pour maintenir leur température corporelle, les mammifères misent d’abord sur la chaleur produit par leurs muscles viscéraux : quand il mange, il se réchauffe !
Les chevaux ont donc besoin, plus encore que d’habitude, de manger en continu !
Pour leur permettre d’affronter l’hiver, commençons alors par leur offrir une alimentation variée, diversifiée, et des fibres à volonté !
Une fois qu’ils peuvent adapter leur température interne par leur alimentation, il peut être intéressant de leur permettre d’adapter la température extérieure : grâce à un abri pour se protéger du vent et de la pluie !
Les chevaux se satisfont très bien d’abris naturels (haies, arbres isolés, …) mais un abri en dur pourra être plus intéressant pour des chevaux plus sensibles.
On peut aussi proposer de la paille dans cet abri, pour qu’ils puissent se rouler et se sécher quand ils en ressentent le besoin.
En plus des abris, si le tour du râtelier est stabilisé, c’est encore mieux ! Passer l’hiver les pieds dans la boue, dans l’humidité et le froid peut les fragiliser. Les pieds au sec, les chevaux auront moins froid.
Enfin, une autre adaptation des mammifère est de réduire leur activité physique pour diminuer leur perte d’énergie. A nous aussi alors cavalier, d’adapter le travail à la saison.
Et pourquoi pas en profiter pour changer de rythme pour nous aussi ? Ralentir, prendre soin de soi, s’écouter, se réchauffer, … pour repartir en pleine forme au printemps avec pleins de rêves, d’envies et d’objectifs avec votre cheval !