Il est très difficile pour moi d’écrire un article relatant du dos du cheval et de son fonctionnement en équitation, parce que cela pourrait être l’objet d’un livre entier.
Beaucoup on déjà écrit des pages très pertinentes sur le sujet.
Mais l’écueil d’internet de vouloir tout maintenant, très simplement et sans prise de tête, laisse place à des raccourcis néfastes pour les chevaux …
Cet article n’a donc pas la vocation de vous apprendre en quelques lignes à travailler correctement votre cheval. Il n’a pas la vocation de faire des raccourcis tellement insensé de la biomécanique équine, que vous en sortirez avec une méthode toute faite qui va à tout le monde.
En revanche, j’espère que cet article vous amènera à interrogez ce qui est dit dans les carrières et ce qui est écrit dans les méthodes, pour toujours aller vers le meilleur pour votre cheval …
“L’équitation est une science initiatique. A cheval, connaître, c’est avoir ressenti, et celui qui n’a jamais monté à cheval ne pourra strictement rien comprendre à un traité d’équitation, fut-il écrit dans la langue la plus claire et la plus logique.” Jean Claude Racinet
- Un dos court est plus porteur qu’un dos long
Première chose : quelque soit la musculature du cheval ou la longueur de son dos, si vous ne voulez pas lui être néfaste, vous ne devez pas dépasser 15% de son poids ! -donc pour un cheval de 500kg, même bien musclé, le cavalier ne doit pas peser plus de 75kg …
Seconde chose qui me semble évidente, mais apparemment non … Le dos long d’un cheval bien musclé est beaucoup plus porteur que le dos court d’un cheval peu musclé !
Ce qui est à noter aussi c’est que sur un cheval au dos court, le manque de maintien se voit beaucoup moins que sur un dos long : ce qui peut donner la sensation d’un cheval plus porteur … mais non !
Donc définitivement non ! Votre shetland tondeuse de jardin n’est pas plus porteur que votre grand selle français …
Si vous choisissez de lui imposer un poids lourd, vous le faîtes en votre âme et conscience, mais n’essayer pas de vous dédouaner en prétextant un dos porteur …
2. La position du dos dépend de la position de l’encolure
Probablement le pire raccourci du monde équestre …
Pour commencer, petite expérimentation : former un angle de 90° avec votre coude.
a. Garder votre bras souple malgré l’angle.
b. Contracter vos muscles, le plus fort possible, en conservant cet angle avec votre coude.
Qu’observez vous ? De loin, rien n’a changé, la position de votre bras est toujours la même. Mais de près ? Biceps et triceps sont contractés. Mais aussi les muscles de votre épaule … Et peut-être même vos abdos ! En général, vous noterez aussi que votre respiration a changé ! Cela s’explique parce que les muscles de notre corps ne fonctionnent pas individuellement, mais par chaînes musculaires.

Le fonctionnement musculaire ne peut pas se résumer en un schéma simpliste avec des flèches dans tout les sens ! Surtout si ce dernier ne représente que le squelette !!
Donc pour revenir à nos histoires de dos et d’encolure :
Effectivement, si le cheval baisse la tête, il tire sur les ligaments supra-épineux et nuchal, ce qui a pour effet de “tendre” le dos.
Mais cela n’implique aucun muscle ! (Observez votre cheval qui broute …) Le dos se tend de façon passive.
En revanche, quand le cheval monte l’encolure, il est parfaitement faux d’affirmer que cela lui creuse automatiquement le dos !
Si vous prenez la tête de votre cheval et que vous l’étirez vers le haut, il va effectivement passivement venir creuser son dos !
Mais s’il se sert de son dos, de ses abdos et de tout l’ensemble de sa musculature, aucun risque qu’il creuse son dos !
Alors, si la position de l’encolure peut engendrer des modifications dans la position du dos, elles ne sont pas aussi basique que : “Quand il baisse la tête, il travaille bien ; mais quand il lève la tête, il creuse le dos !”
Cette idée reçue amène la croyance que positionner la tête du cheval suffit à le faire travailler dans le bon sens ! Et c’est pour cela que l’on voit ce nombre impressionnant de chevaux encapuchonnés … Les grands maîtres de notre équitation doivent se retourner dans leur tombe …
Enfin, cela ne prend pas en compte que ce qui est vrai dans un sens, l’est aussi dans l’autre :
La position du dos fait varier la position de l’encolure !
C’est pour cela que j’estime personnellement que le ramener ne se prend pas, mais qu’il se reçoit …
3. Pour qu’un cheval tende son dos, il faut qu’il prenne du contact sur ses rênes
D’abord pour tendre ses rênes, le cheval a seulement besoin des muscles de son encolure !
Une image qui devrait parler à tous :
Le shetland gourmand qui va chercher les touffes d’herbes en arrachant les rênes de son petit cavalier, vous pensez vraiment qu’il travaille avec son dos ?! Le poids de sa tête lui suffit (une petite vingtaine de kilos quand même …) !
Donc un contact franc et régulier n’est absolument pas le signe d’un dos tendu !
Enfin, n’avez vous jamais observer votre cheval en liberté, quand il exprime tout sa beauté et sa puissance le temps de quelques foulées ? Et qu’il se tient parfaitement ? Qu’il gaine magiquement ses abdos ?!
Est-ce qu’il a besoin d’un enrênement serré pour y parvenir ? …
Cela m’amène à discuter aussi de cette notion de “tendre” le dos :
Que signifie cette obssession de “tendre” le dos ? L’étirer de l’avant vers l’arrière ? Le faire monter ? Beaucoup trop de notions sont cachés derrière cette expression plutôt moderne. (Et c’est toute la difficulté de vouloir retranscrire dans les mots l’art de l’équitation …)

Mais notons que :
a. Ce qui porte le cavalier ce sont les abdos et pas le dos.
b. Tendre les ligaments supra épineux et nuchal, permet de remonter le dos de façon passive, mais n’assure pas un fonctionnement correct de l’ensemble du corps du cheval.
c. Ce qui est vraiment important en équitation, c’est l’engagement des postérieurs ! C’est ce qui permet à votre cheval de sauter et de s’équilibrer horizontalement et verticalement notamment !
Un fonctionnement correcte des postérieurs assure une musculature correcte du dos du cheval – à condition qu’aucun blocage ne l’en empêche !-
Mais pour engager correctement, le cheval a besoin de ses abdominaux … (Pas seulement bien sûr, comme je l’expliquai dans le point 2 !)
Donc si vous souhaitez permettre à votre cheval de vous porter correctement, cessez de vous focaliser sur son dos ! Et accordez davantage d’attention à ses abdominaux !
Et comme la musculation n’est pas tout blanc ou tout noir, en travaillant les abdos, vous travaillerez bien sûr le dos, indirectement mais néanmoins efficacement !
Pour reprendre
- Un dos court n’est pas plus porteur qu’un dos long.
Alors arrêtons de surcharger les poneys ! - La position de l’encolure n’assure pas le bon ou le mauvais fonctionnement du dos.
Essayer de laisser à votre cheval le choix de l’utilisation de son balancier d’encolure … - Le contact sur les rênes n’est pas un indispensable d’un dos qui travail
Laisser lui donc un peu de mou !
Et enfin, si vous voulez muscler correctement votre cheval, c’est de ses abdos qu’il va falloir s’occuper !
Sarah
Ps : Retranscrire l’équitation à l’écrit est vraiment un exercice difficile pour moi : ce qui ne le rend pour autant pas inintéressant ! J’ai mis du temps à l’écrire, et je n’en suis toujours pas satisfaite …
Aussi j’aimerai avoir votre retour sur ce type d’article. Est-ce qu’il vous intéresse et cette lecture vous apporte t-elle quelque chose ?
Ton article est top Sarah, j’aurai juste aimé un peu plus de schémas ou d’exemples d’exercices associés 🙂
Merci Audrey 🙂
Pour les idées d’exercices, il y a le Cahier de Vacances du Manège de Regalis sur Facebook !
Je t’ajoute au groupe tout de suite ! 😉
Je n’avais pas pris le temps de lire ton article avant, mais il est hyper interessant. Pour les personnes comme moi, « cavalière de dressage du dimanche 🤣 » qui manquent de notion et qui ont surtout subis tous ces mélanges et ces bêtises que l’on entend dans bcp de centre Equestre… ça fait du bien de s’instruire un peu. D’ailleurs je trouve tes exemples qui viennent contrer l’affirmation très justes et parlants ☺️ Merci !!!
Bonjour,
Je pense que vous faites erreur concernant le contact en bouche car :
-le contact en bouche permet au cheval de “tirer” son chanfrein vers l’avant, ce qui entraîne l’étirement de la colonne, autorise la l’ouverture du garrot, libère la compression sur le rein et amène à la diligence des hanches, qui libère les postérieurs pour justement utiliser les abdominaux
-le contact en bouche permet de diminuer les actions de jambes qui empêchent le parfait équilibre du cavalier
-faire et entretenir la bouche de son cheval est le soucis majeur du cavalier
Avec tous mes encouragements
Bonjour Jean, et merci pour votre commentaire.
Je ne partage pas votre avis.
D’abord, il suffit d’observer les chevaux libres, comme nous y inviter les anciens, et de les regarder “faire les beaux” dans un fonctionnement parfait sans contact dans la bouche pour se persuader que ce contact n’est pas un indispensable …
J’ajoute dans l’article une photo d’une de mes cavalières sur une de mes juments. La jument a 18 ans, arrêté depuis plusieurs semaines, elle reprenait doucement le travail. La cavalière pratique très occasionnellement, et l’objectif de la séance était justement de venir chercher le fonctionnement correcte des postérieurs et du dos, simplement par l’équilibre de la cavalière : sa position est imparfaite, mais le bon fonctionnement de son bassin suffit à encourager la jument dans un travail juste, qui vient donc se “mettre en place” sur un contact pourtant flottant …
De plus, le contact en bouche ne diminue pas les actions de jambes (ou alors c’est que le cavalier s’accroche ?) : le parfait équilibre du cavalier et la légèreté du cheval à la jambe ne sont pour moi jamais lié au contact.
Enfin, faire et entretenir la bouche du cheval n’a pas de sens pour moi qui ne travaille mes chevaux que sans mors (ce qui pour autant ne m’empêche pas d’être très exigeante sur la qualité de ma main ou de celles de mes cavaliers). Pour moi, le soucis majeur du cavalier est de permettre au cheval d’être chaque jour plus confortable dans son corps.
Au plaisir d’échanger davantage sur ce sujet, si possible sur le bord d’un manège avec des chevaux parce que les mots ne sauront jamais décrire suffisamment justement la belle équitation !