Dans le débat avec ou sans mors, l’un des arguments utilisés pour l’utilisation du mors en dressage est que sans lui, il serait impossible d’obtenir la décontraction de la mâchoire.
Queton, trotteur de 13 ans, est un parfait contre argument à cette idée reçue …

« Le cheval qui satisfait à la légèreté ne doit ni être muet, ni bavard. » Général l’Hotte

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J’ai rencontré Queton à l’occasion d’un weekend de stage dans le Nord !
Brave, gentil, courageux, il donne tout ce qu’on lui demande.
Mais une chose marquante pourtant : ses tensions silencieuses, notamment faciales.
Queton a appris à taire ses défenses : il s’est résigné.
Le cheval résigné, c’est celui qui :

• Ne vous arrache plus les rênes quand vos mains sont trop dures
• S’encapuchonne rênes longues
• Est toujours d’humeur égal au travail
• Et souvent aussi, celui qui ne présente aucune amélioration d’une séance ostéo à l’autre
• Etc.

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Etape 1 : Sortir du cadre de la résignation

Changer les conditions de travail (Proposer)

Il est impensable pour moi de travailler un cheval qui présente ces signes de résignation sans lui « redonner d’abord la parole. »
Donc il faut le sortir de son cadre, changer ses conditions de travail pour lui permettre de sortir des limites dans lesquelles il s’est enfermé.
Sa cavalière actuelle est douce, à l’écoute de ses chevaux, prend le temps nécessaire, etc. Mais tout cet amour n’a pas suffit à Queton, pour sortir de son mutisme.

Il fallait donc un changement radical dans ces conditions de travail : Ici, j’ai choisi de changer d’outil, d’enlever le mors.

Résultat direct ! (Observer-Recevoir)

Aussitôt le mors enlevé, le cheval a commencé à s’exprimer !
Mais pas du tout, comme nous aimerions qu’il le fasse …
On aurait adoré le voir nous faire un grand sourire, et se révéler soudainement hyper joyeux ! Mais non ! Sa première réaction a été d’exprimer une grande tristesse !

Et c’est normal !
Dans son cadre de résignation, il n’affichait que la frustration de ne pas pouvoir s’exprimer. En sortant de ce cadre, il peut nous montrer tout ce que le travail lui inspire …

Et ce n’est pas glorieux …

Etape 2 : Présenter un travail qui fait du bien – Proposer

En visualisant les raideurs exprimées dorénavant librement par son corps, il est maintenant possible de lui faire du bien au travail.
Non plus « malgré lui » mais « avec lui » !

Queton avait tendance à l’encapuchonnement : lors de cette première séance, nous lui avons donc tout simplement proposé de s’étendre sur des barres au sol …

Zéro action de la cavalière pour l’obliger à quoi que ce soit !
Seul le dispositif l’amène à chercher une posture confortable, et donc à étirer son encolure et allonger ses foulées …

Etape 3 : Observer, Recevoir

Maintenant qu’il est parfaitement libre de « tout nous dire », le cheval exprime ses blocages, mais aussi ce qui lui est confortable !
Et c’est ainsi qu’il se dévoile sous la selle pour notre plus grand plaisir.

Lors de la seconde séance, 24h après la première, il est métamorphosé !

Détente au pas

Deux photos prises pendant l’échauffement au pas. Pendant que la cavalière s’échauffe, le cheval marche, en autonomie …
La première photo est prise lors de la première séance, avant que les conditions de travail ne changent, donc avec le mors.
La seconde photo, 24h après, au même moment de la séance, c’est à dire pendant l’échauffement de la cavalière …
Observer les différences d’expressions faciales, l’ouverture de l’angle tête/encolure …

Échauffement au trot

Les photos suivantes sont prises pendant la détente au trot.
De la même façon, rien n’est demandé au cheval en dehors de trotter en autonomie …
A nouveau, seulement 24h sépare ces photos de dressage avec ou sans mors !

Observer encore les expressions du cheval, ses postures, son mouvement …

Préparation du départ au galop

Ces deux dernières photos, montre la dernière foulée de trot, juste avant le départ au galop ; à l’instant où la cavalière pose ses aides pour demander le galop.

Dans les deux cas, le cheval fouaille de la queue, parce que cette demande est physiquement difficile pour lui.
Observer comme les mâchoires sont crispées sur le mors malgré les rênes longues !

Observer l’amélioration de l’équilibre de ce joli cheval en seulement 24h !

Aucune position qui n’était pas la sienne ne lui a été imposé !
Nous n’avons pas cherché à décontracter sa mâchoire en jouant sur les rênes !
Et nous n’avons pas passé des heures à le « rééquilibrer » par des voltes en tout sens !

Nous lui avons simplement proposer de s’exprimer, proposer d’être autonome, en lui assurant d’être écouté, etc, etc, etc.

Alors les tensions qu’il exprime dorénavant dans le travail vont nous permettre d’établir nos futurs objectifs avec lui !
De pouvoir lui proposer une équitation qui lui fait du bien, une équitation qui lui apporte du mieux-être : une équitation médecine !

Pour revenir au dressage sans mors …

Les progrès de Queton en 24h n’ont été possible que parce que nous l’avons laissé s’exprimer : peut importe l’outil utilisé !

Maintenant monté sans mors, rien ne l’empêche de progressé dans son travail. De travailler avec la mâchoire décontractée, de trouver un ramener pertinent qui lui permet de fonctionner au mieux …

On entend pourtant parfois qu’il n’est pas possible d’avancer dans le dressage sans mors, car il n’y a alors pas de décontraction de la mâchoire.
C’est à mon avis prendre l’effet pour la cause …

• La décontraction de la mâchoire est la récompense d’un juste fonctionnement du corps qui travail dans une décontraction totale.
  
• Toutes les mâchoires qui bougent ou les bouches saliveuses ne sont pas un signe de décontraction … Au contraire !

Encore une fois, c’est l’observation poussé, fine et objective qui sera votre meilleure juge …

Sarah

Ps : Vous voulez aussi goûter au plaisir du dressage sans mors, dans la légèreté et la décontraction, en permettant à votre cheval de se sentir mieux au travail et en affinant votre œil pour mieux le comprendre ?
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