“Je n’ai pas d’objectif avec mon cheval pour ne pas nous mettre la pression”
Je l’entends souvent cette phrase. Souvent venant de cavalier qui tourne en rond avec leur cheval et ne savent plus comment avancer, ou d’humain qui font le grand 8 avec leurs émotions prêt de leur cheval, tant certaines séances peuvent être jouissive et d’autres calamiteuses.
Alors aujourd’hui je vais éclaircir un peu l’importance pour moi des objectifs.
Je ne veux plus prendre le pouvoir sur toi
Mon leitmotiv en tant qu’enseignante a toujours été de vous faire avancer sur le chemin de VOS objectifs. Je ne voulais pas être ce moniteur qui oblige ses élèves à sortir en concours d’obstacles parce que c’est la seule chose qui a du mérite à ses yeux, quand eux rêvent de randonnées…
Sauf que je me suis souvent retrouvée face à des cavaliers “sans objectif”. Alors je creusais un peu leurs rêves, pour mieux les cerner. Et comme je n’avais pas les bons outils, je finissais par définir un objectif qui collait au mieux avec leurs besoins.

Pour la majorité de mes cavaliers, cette “prise de pouvoir” était quand même bénéfique, et il y avait quand même une progression.
Mais pour une toute petite poignée d’entre eux, je considère que c’était un échec.
Et même si ces derniers se comptent sur moins que les doigts d’une main, je ne pouvais pas m’en satisfaire : alors j’ai regardé où ça bugait, et j’ai chercher les outils pour résoudre ça !
Tes objectifs doivent venir de toi, avec tes mots et te motiver à minimum 100%
Le confinement a alors été un temps bénéfique pour moi sur ce plan : il m’a permis d’explorer de nouveaux outils d’accompagnement, et de modifier le programme “Vers une équitation médecine” pour être toujours plus à votre service !
Dans ce programme 2.0, c’est toi, avec tes propres mots, qui défini ton objectif pour ce programme. Mais aussi ton objectif pour chaque séance !
Je reprend cette comparaison que j’aime beaucoup de Laure Jouteau :
“Si tu viens avec un dé à coudre, alors je vais te donner de quoi remplir ce dé à coudre. Si tu viens avec un 36 tonnes, alors tu auras de quoi remplir un 36 tonnes”
Ça implique que :
– Je ne m’épuise plus à essayer de faire rentrer un 36 tonnes dans un dé à coudre.
– Tu es pleinement responsable de ton engagement dans ta progression
– Donc tu embrasses tout les coûts de tes décisions !
- Si ton objectif, c’est de sortir en main en extérieur en toute sécurité avec ton cheval : c’est ok pour moi, et je vais construire ma séance pour que l’on progresse vers ça !
- Si ton objectif, c’est de piaffer sans mors en respectant les limites et les besoins physiques de ton cheval : c’est ok pour moi, et je vais construire ma séance pour que l’on progresse vers ça !
- Si ton objectif, c’est de perfectionner la jambette ou le coucher de ton cheval : c’est ok pour moi, mais je vais te prévenir que je ne suis probablement pas la meilleure personne pour t’accompagner sur ce chemin.
Si ton objectif émane du fond de tes tripes et qu’il te motive de ouf, je n’ai aucune raison d’essayer d’y apporter ma touche perso !
Ça change que :
1. Sur le premier objectif, je n’ai aucune raison d’essayer de te faire aimer les exercices en carrière : si apporter du mieux être physique à ton cheval par la gymnastique n’émane pas d’un désir profond chez toi, je ne ferai que créer de la frustration et de la culpabilisation.
2. Sur le second objectif, je n’ai aucune raison d’essayer de te faire rentrer dans un moule de “Bonne énergie” pour le piaffer, si toi tu ne perçois pas que tu es en énergie basse. Je ne créerai que des tensions et des dysfonctionnements, parce que tu n’auras pas décider par toi même d’aller voir ce qui te maintient en énergie basse.
3. Sur le troisième objectif, je n’ai pas a essayer de te faire changer d’avis sur l’envie d’apprendre des tours à ton cheval. Mon avis n’engage que moi, et si tu es très au clair avec les raisons de cette recherche et que ton cheval y prend autant de plaisir que toi, alors je vous souhaite une très belle continuation !
1. Pourquoi tu décide d’investir sur toi

J’exprimais plus haut, que quand le désir vient de toi, alors c’est beaucoup plus facile d’en accepter le coût.
[La minute anecdote]
On discutait l’autre fois avec des amis, de l’achat d’une balance qui te donne le pourcentage de graisse dans ton corps. Je veux bien ne pas donner mon avis sur ce type d’achat, mais il faut m’expliquer à quoi il sert à part camoufler un non choix !
Je m’explique :
Tu le sais si tu te sens bien dans ton corps ou pas.
Donc tu le sais si tu as besoin de l’écouter davantage et de bouger plus.
Alors il y a une décision à prendre :
¤ Soit tu décides que ce n’est plus confortable et que tu veux retrouver un corps plus souple, plus musclé, etc. et donc tu acceptes le coût de cette décision : il faudra manger mieux et bouger plus.
¤ Soit tu décides que tu ne souhaite pas bouger plus ni manger mieux, et donc tu acceptes le coût de cette décision : être inconfortable dans ton corps, tomber souvent malade, etc.
(Évidemment, je simplifie ! Mais ce n’est pas un article sur comment se sentir mieux dans son corps, juste une aparté sur une balance ultra technologique !)
A quoi elle sert la balance dans tout ça :
A ne pas prendre de décision !
Je n’écoute pas mon corps, je n’écoute pas mon ressenti : je regarde le chiffre !
Si je suis dans la norme tant mieux, si je n’y suis pas tant pis !
Quand tu achètes cette balance, si tu n’a pas pris de décision en amont, si tu n’as pas fixé d’objectif pour toi et ton corps, tu ne fais que te cacher les yeux pour te détourner du problème. (Et tu feras probablement yoyo avec ton poids)
De la même façon, quand tu choisis de te faire accompagner dans ta relation avec ton cheval, si ton objectif n’est pas clair et n’est pas le résultat d’une écoute fine de toi, alors ce sera les montagnes russes.
Tu choisirais un enseignant parce qu’il est moins cher, moins loin, parce qu’il est toujours d’accord avec toi, parce qu’il n’est pas trop challengeant, parce que tout le monde le recommande, parce qu’il fait de chouette vidéo sur instagram …
Et il ne se passera rien, ou quasi rien !
Parce que tu n’iras pas voir pourquoi ça coince au fond de toi, pourquoi ça bug avec ton cheval, pourquoi tu n’as plus des paillettes dans le ventre à chaque fois que tu enfiles ton pantalon d’équitation !
Tu pourras te satisfaire de tes micros progrès, mais quand tu n’auras plus l’âge de monter sur un cheval, tu regretteras d’être passé à côté de tes rêves équestres !
Je ne veux pas participer à ça !
Je ne veux pas être une enseignante qui te dit quel galop tu valides comme une balance qui te dirait quel est ton pourcentage de graisse !
Donc si tu veux qu’on travaille ensemble, on va aller chercher au fond de toi tes objectifs, pour te remettre sur le chemin vers TES rêves !
Ton objectif comme boussole
“Il n’y a pas de vent favorable pour celui qui ne sait pas où il va.” Sénèque
Poser tes objectifs, ça te permet aussi de te retrouver quand tu te perds !
C’est ton gps, ta boussole.
Sur le chemin vers ton objectif, tu as le droit de dévier, d’aller explorer ailleurs, de regarder plus loin. Mais au moment où tu t’aperçois que tu t’es trop éparpillé, c’est parce que tu sais où tu va que tu as une chance de retrouver ton chemin.
J’ai exploré cette sensation dernièrement avec Velga.
Depuis quelques mois, je consacre beaucoup de mon temps et de mon énergie à améliorer mon accompagnement des humains. Je consacre donc moins de temps et d’énergie à améliorer mon équitation (et je suis ok avec ça)
Je continue quand même de travailler mes chevaux évidement.
Et il y a 2-3 séances, je me suis aperçue que dans mon travail monté avec Velga, je cherchais surtout à améliorer un mouvement, un geste, pour obtenir une figure que je jugeai intéressante : ici, l’épaule en dedans au galop.
Après une séance dont je n’étais pas satisfaite, j’ai regardé ça : j’ai découvert que je ne savais pas pourquoi je désirai cette figure. Ni quel était mon objectif dans cette recherche.

Alors je suis revenu à ma boussole : mon objectif en équitation c’est d’apporter du bien-être physique à mon cheval par la gymnastique de son corps.
Il faut donc que je sois légère et discrète dans mes aides, mais aussi hyper branchée à mon ressenti pour percevoir les micro résistances qui l’empêche de progresser et y adapter ma demande.
Au regard de cette boussole, chercher l’épaule en dedans au galop juste pour la beauté du geste n’a aucun sens ! Ce n’est pas ce qui me fait plaisir à moi ! Ce n’est pas ce qui me transcende, ce n’est pas ce qui me donne envie de me lever le matin !
Donc ça coinçait au fond de moi ! Donc ça coinçait dans ma relation avec Velga !
Une fois que le doigt était mis là-dessus, une fois que j’ai repris le bon chemin, j’ai eu des séances beaucoup plus fluides et pertinentes pour moi comme pour ma jument !
Et j’ai retrouvé la joie de cet effort et de cet exigence pour nous deux !
Il y aurait encore tant à écrire sur l’importance de se fixer un objectif qui vient du fond de tes tripes !
Mais cet article est déjà long, alors j’en garde un peu sous la pédale pour une prochaine fois ! 😉
Dis moi en commentaire comment tu reçois cet article. Qu’est-ce que tu prends pour toi ?
A très vite,
Sarah
J’adore cet article ! J’ai moi-même eu du mal à me fixer un objectif clair, j’allais et je venais au gré de mes envies, sans programme précis. Maintenant, j’ai clarifié ce programme en affinant mon objectif : faire de longues sorties en extérieur, en restant zen : régler les pb physiques de la miss ; apprendre à me détendre ; gymnastiquer le cheval ; gérer le respect avec le travail à pied. Tout en nous respectant ma juju et moi. Merci pour tes beaux articles !
Merci pour ton retour ! ça me fait toujours plaisir de lire que mes articles résonnent pour quelqu’un 🙂
Comme tu le dis, sans objectifs clair, on va et vient sans précision. Le fixer ne nous rajoute pas de pression : simplement une direction motivante !